Moté

La vie, c’est comme les mirabelles

Joueur de flûte 2


– Chut, maintenant il ne faut plus faire de bruit, on arrive, expliqua la petite fille.

Menant deux de ses amis, elle progressait à travers les buissons et les fougères du sous-bois, éclairée par les pâles rayons de lune. Un peu plus loin se faisait entendre des bruissements encore éloignés. Redoublant de précautions, les trois enfants levaient leurs pieds haut en l’air pour les reposer lentement sur le sol, essayant d’éviter les branches mortes.

Ils progressèrent ainsi quelques minutes, puis la meneuse s’accroupit et leur fit signe de faire de même. Écartant quelques branches, ils purent apercevoir la scène.

Dans une toute petite clairière, un feu crépitait. Ses lumières tremblotantes éclairaient une scène mouvante. Assis sur tronc, un grand homme mince jouait d’une flûte au son clair. Sur le rythme des notes, de grandes ombres dansaient de manière fluide. Après quelques instants, ils purent distinguer le fourmillement de milliers de petits pieds qui trépignaient en tout sens.

Enfin, il leur apparut que ces créatures étranges étaient en fait composées de milliers de rats qui s’assemblaient, se grimpaient dessus, et ensemble sculptaient des formes qui semblaient vivantes. Étrangement, au milieu d’eux, se trouvaient deux troncs morts. Ils étaient visiblement portés par les vagues de rongeurs, mais en même temps paraissaient bouger d’eux-mêmes, accompagner les mouvements de la danse.

Au petit matin, les trois indiscrets se réveillèrent sur un tapis de mousse, abrités au creux d’un très grand tronc d’arbre, devant les braises restantes d’un feu de camp. Plus aucune trace ne subsistait de la scène de la veille.

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