Moté

La vie, c’est comme les mirabelles

Ressenti


Je ne sais pas comment commencer cet article.

Je ne sais pas quoi vous dire. Ou quoi me dire. Je ne sais même pas si j’ai envie d’écrire cet article. Ou si j’en ai besoin. Je crois que j’en ai besoin. Je n’en suis pas sûr.

Besoin d’extérioriser. Extérioriser ces pensés qui vont, viennent, passent, chamboulent, martèlent, chutent et s’élèvent, grimpent et redescendent, crient et murmurent dans ma tête.

Et celle-là, qui revient, encore et encore, insidieuse, bouleversante, asphyxiante… Qui deviens-je ?

Elle m’a le plus frappé quand je me suis observé sur Zeste de Savoir. Je m’étais à l’origine, promis d’y être comme il fallait y être. De respecter l’esprit de Zeste de Savoir, bon enfant, respectueux, et résolument orienté vers l’entraide et le partage. Je pense avoir réussi, pendant un certain temps, à m’y tenir. J’étais, je le crois, ouvert et accueillant. J’étais capable, je l’espère, de calmer un peu le jeu lorsque les esprits s’échauffaient. J’accueillais les nouveaux comme il se devait, et les aidais, pas forcément à résoudre leurs problèmes, mais au moins à les présenter correctement pour que le reste de la communauté soit en mesure de les aider.

Alors quand suis-je devenu ce type désagréable, aigri et fermé ?

J’étais peut-être, probablement, niais. Mais au moins respectais-je ces qualités que je juge indispensables.

Et pourtant, je ne parle là que d’un symptôme parmi tant d’autres…

Je peux en citer d’autres. Je ne m’intéresse plus aux gens. À tel point que je n’arrive plus à me souvenir de ce qui les concerne. J’étais, avant, du moins je le crois, une oreille attentive. Prête à s’intéresser au moindre sujet. Notamment, capable d’écouter et d’apprendre sur les activités et les passions de chacun. J’en étais fier, du moins. Je demandais aux gens ce qu’ils faisaient et les écoutais, concentré et intéressé. Et maintenant, c’est moi qui fais la conversation. Et pas forcément de manière intéressante…

C’est un autre symptôme, également. J’étais capable de conversation profonde et intéressante. Un double symptôme en fait. Je prônais l’ouverture d’esprit et la tolérance, alors j’affectais souvent d’être l’avocat du diable. Tout simplement pour montrer qu’il y a différents points de vue, et que ceux-ci s’affrontent en permanence. C’était intéressant, et j’ai souvenir de plusieurs conversations que j’avais beaucoup appréciées. Alors que désormais, je les esquive. Plus ou moins habilement.

J’étais, je crois, homme de conviction. Et je les défendais. Sans énervement d’ailleurs. Mais je les défendais. Quand aujourd’hui, j’ai l’impression de n’être qu’égoïsme.

J’avais tendance à l’introspection. Beaucoup. C’est cette nature introverti. Je me remettais beaucoup en question, très très régulièrement. Et plus encore à chaque conflit. Je pense toujours que c’est quelque chose de très important.

Désormais… Où est passée l’introspection ? Cela se voit même sur ce blog. De moins en moins d’articles. De moins en moins de réflexion. De l’émotion, bien sûr. Mais juste jetée là, comme ça. À la dérive, sans accroche ni destination.

Plus de politique. Parce que je n’en pouvais plus. Mais plus de politique, ça veut dire plus de combat. Plus de politique, c’est un désintérêt de la situation de beaucoup d’autres. C’était important à l’époque, j’en avais un réel besoin. Mais maintenant ? Est-ce normal que j’abandonne les autres pour ne m’occuper que de moi ?

Je ne réfléchis plus, j’ai l’impression. Je ne pense plus, surtout pas. J’en ai peur. C’est douloureux. Dès qu’un vide se fait dans mon crâne, surtout je dois le combler. Le plus vite possible. Réseaux sociaux. Netflix. Netflix. Réseaux sociaux. Réseaux sociaux. Netflix. Netflix. Netflix. Humour, série, drôle. Oublier ce qui me trotte dans la tête. Mettre un coussin dessus pour l’empêcher de crier. Ne pas y penser, surtout pas, penser à autre chose, rire, faut s’amuser, tout le temps, être heureux ou en avoir l’impression, ne pas s’attarder là-dessus, oublier, oublier ça, oublier le reste, oublier les autres, ne pas penser, surtout pas, ne pas penser que je n’aime pas cette vie-là mais qu’en plus je ne suis pas le seul et que certains vivent bien pire.

Oublier que je suis environné d’autres humains, qui vivent, pensent, ressentent, rient et parfois pleurent. À moins qu’ils ne fassent comme moi. D’autres humains, qui vivent. Et c’est tout


Alors des fois, j’ai envie de virer cet abonnement Netflix. S’il faut que je m’ennuie, alors je m’ennuierai. C’est peut-être mieux. Peut-être que je réfléchirai un peu. Peut-être que j’écrirai même ? Et dire qu’il y a un peu plus de deux ans, j’écrivais Tic-tac. Je l’ai vécu cet article. Intensément. J’ai pris une part de moi pour la façonner, la polir, et l’offrir. Et quoi maintenant ? Maintenant, rien. Vide. Néant.

Parce que c’est difficile d’écrire ça. Ça implique de ressentir des choses que je n’ai pas envie de ressentir. Alors je prends ce qui me passe sous la main, et je m’en farcis la tête. Je n’écoute plus, je parle pour remplir le vide.

Je ne profite même plus. Combien de temps depuis que je me suis allongé sous le cerisier, avec juste une feuille et un crayon, un an et demi, vraiment ?

Il serait peut-être temps que je résilie mon abonnement Netflix… Que je réapprenne à passer moins de temps sur le fediverse… Sur lequel, je m’étais inscrit, pour mémoire, principalement pour y faire la promotion de mes textes et articles. Que je réapprenne, aussi, purement et simplement à me passer de ce foutu téléphone, sur lequel je me réfugie dès que mes pensées s’égarent.

J’ai oublié tant de choses que je voulais dire ici… Impossible pour moi de les faire revenir. L’émotion m’est passée, il ne me reste plus qu’à publier… Bien évidemment, tout cela à dévier de son objectif initial. C’est dommage et c’est tant mieux. J’ai ressenti, enfin, quelque chose. Je crois que même le Petit Prince à du mal à me faire sortir de mon inertie… Il faut que je rechange, que je réévolue, que je m’interroge et me questionne, à chaque instant.

Et que j’écrive. Que je pense et que je l’écrive.


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