Moté

La vie, c’est comme les mirabelles

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Ajustant ses lunettes, l’homme se pencha sur sa machine à écrire. Il plissa les yeux, sa langue pointant légèrement entre ses lèvres dans un effort de concentration. Il se gratta la barbe qu’il portait en bouc, avant de se remettre à taper sur les touches usées de sa machine. Une dizaine de lutins l’entouraient, l’observaient attentivement, presque sans jamais cligner des yeux. Qui sur le sol, qui sur le dossier de sa chaise, voire qui sur le bureau ou derrière la machine à écrire, les yeux rivés sur la feuille de papier qui bougeait mécaniquement.

– Et… voi-là… articula-t-il lentement, avant d’appuyer sur le point final et de s’affaler dans son fauteuil.

Aussitôt, le lutin le plus proche arracha le papier de la machine, et se précipita à toute vitesse vers un autre bureau miniature juste à côté. Il sauta sur sa chaise, et se mit à pianoter frénétiquement sur sa propre machine à écrire, recopiant l’article qu’il venait de récupérer.

Dès qu’il eut terminé, il sortit la copie et la passa à un lutin qui attendait juste à côté, avant de se remettre à rédiger un nouveau doublon, l’autre lutin courant à son tour à son bureau voisin et s’empressant de faire de même. Bientôt, ce fut une centaine de lutins qui s’activaient, chacun à son bureau, dans une cacophonie de « tic tic tic » et de « schling ».

À peine un papier sortait-il d’une machine qu’un autre lutin l’attrapait, l’enroulait, et partait en courant à l’extérieur. Il prenait par les rues, les ruelles, les chemins, sautait par des raccourcis, puis arrivait à destination. Là, il toquait à la porte, attendait qu’on lui ouvre, tendait le document, puis repartait aussi sec dans l’autre sens, avant de recommencer. Des milliers de petites jambes parcoururent fébrilement le pays dans tous les sens, avant qu’enfin le calme ne revienne.

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