Je viens de finir de lire Fahrenheit 451. Ce livre est très, très, très, puissant. Il en est bouleversant, et personnellement il me fait grandement m’interroger.
Ce roman d’anticipation nous place dans un monde où les livres ont été interdits car tout le monde doit être heureux. Or les livres interrogent, remettent en cause, critiquent… Et cela rend l’Homme malheureux parce qu’à son tour il s’interroge. Tous les mots, ceux de la télévision, de la radio, ne sont que futilités, programmes de deux minutes, uniquement des extraits de dialogues pour divertir la ménagère.
Les mots sont dangereux, ils rendent les personnes malheureuses… Alors on interdit les paroles qui rendent malheureux. On interdit la philosophie, les pensées critiques. Mais aussi les questionnements scientifiques, on ne cherche plus à comprendre le monde qui nous entoure.
Vision effrayante, et pourtant… Est-ce que ce n’est pas déjà un peu le cas ? En France, interdiction de la diffamation depuis le 29 juillet 1881. Interdiction des propos racistes, sexistes, antisémites, etc. Au fond, que sont-ils si ce ne sont des mots, des paroles, qui heurtent le bonheur d’autres personnes ? Mais le problème, le danger, le voici :
Qui fixe les limites ?
Et qui les fixera dans le futur ?
Les interdictions ne risquent-elles pas de s’étendre ? Pour la protection de notre bonheur, ne va-t-on pas nous interdire de penser ? Nous modeler au point d’avoir peur, peur et horreur, de la philosophie et de la poésie ? Craindre de regarder, d’observer ce qui nous entoure et de nous poser des questions ? Vivre au travers de futilités, de divertissements abscons, écrire des lignes de dialogues sans aucun échange d’informations, sans aucun scénario, ni départ ni objectif ? Être incapables de laisser une trace derrière soi par peur de se demander comment faire ?
Oui mais sinon, autoriser la liberté d’expression absolue ? Celle qui pousse des personnes à se suicider à cause de fausses accusations ? Les choses seraient plus simples si chaque personne était guidée par la morale et l’amour de son prochain. Mais la définition de morale est comme celle de crime : variable selon le lieu et l’époque.
Il est dangereux d’interdire…
Il est dangereux de ne pas interdire…
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